“C’est par la peau qu’on fera rentrer la métaphysique dans les esprits.”
Antonin Artaud / Le théâtre et son double
Il suffit de regarder les dessins/images de William Bruet, il suffit d’attendre patiemment pour que d’ancestrales figures apparaissent, derrière, devant, entre le blanc et le noir.
Des formes simples, fondatrices, rectangle, lignes, carrés, triangles, cercles, ces formes génitrices de toutes choses deviennent signes, inscrivent dans le papier, sur la surface des photographies ou sur les murs une singulière plasticité.
William Bruet est sans doute un sorcier, un sorcier d’aujourd’hui qui nous interroge sur nos fondements humains.
Il invente des situations singulières dans la mise en espace de son dessin.
Ses personnages étranges mi- noir, mi- blanc, mi-homme, mi- dieu nous proposent un récit à construire, un récit ouvert qui sollicite nos propres fantasmes, pour exorciser, sans doute notre mal – être actuel.
Comment dire ? Il s’agit d’une expérience visuelle, celle du visible et de l’invisible, il s’agit de voir les choses derrière les choses.
Il s’agit de rituels, de secrets cachés, d’énigmes, de mystères.
Il s’agit de figures masquées, de corps tatoués.
Il s’agit de peintures de guerre, tant dans son travail graphique que dans ses performances, William Bruet est un sorcier guerrier qui souhaite éveiller nos consciences.
Le dessin au tracé rigoureux et précis intervient sur l’image pour l’accompagner, la détourner ou la violenter, le dessin nous transporte ailleurs, tout en laissant apparaitre, parfois à peine, les valeurs de gris de l’image en dessous.
Le tatouage se dessine sur la peau.
le dessin de Willian Bruet, lui, utilise la peau de l’image, il se glisse dans l’inframince espace duchampien, entre tracé et photographie.
Une question se pose : iconophile ou iconoclaste ?
Peu importe William sorcier magicien des images, sait faire parler les corps.
J’en suis sûr !
Je vais même vous faire une confidence leurs mots/maux, chez moi, résonnes encore.
Patrick Sirot
Avril 2016